Responsables :
Anne-Rozenn Morel & Laurence Allain-Le Forestier
Résumé du projet
Ce projet est né d’un constat récurrent depuis plusieurs années : pour les PES et les T1, travailler la littérature de jeunesse revient globalement à lire des albums en classe et poser quelques questions de compréhension. Le projet consiste à réfléchir aux moyens d’amener véritablement les jeunes enseignants à analyser les œuvres littéraires et plus généralement les œuvres d’art (suite à l’apparition du domaine Histoire des arts dans les nouveaux Programmes) pour ensuite les analyser avec leurs élèves en classe. Pour ce faire, il s’agit en premier lieu de donner les moyens aux jeunes enseignants de savoir choisir une œuvre de jeunesse et de l’étudier de manière précise (cf Lépine, les différentes phases de la lecture/appréciation de la littérature). Le but est de produire des ressources permettant de susciter la réflexion des jeunes enseignants et de les accompagner dans l’analyse des œuvres en classe, notamment pour la compréhension et l’interprétation des œuvres avec les élèves en les insérant dans un parcours culturel.
Ce projet s’inscrit donc dans l’axe : La maîtrise de la langue et la prise en compte des difficultés de lecture : il s’agit à la fois de développer le goût de la lecture et de réelles compétences de lecture chez les élèves.
Problématique, hypothèses, aspects méthodologiques et/ou procédures de traitement envisagées
La problématique générale est la suivante : comment amener les élèves à comprendre et interpréter une œuvre littéraire ?
Plus spécifiquement, si on se place du côté de l’élève, il s’agit de s’interroger sur les moyens d’amener les élèves à avoir un « regard sensible, instruit et réflexif » (cf Programmes histoire des arts) ? Autrement dit, comment développer leur esprit critique, leur rapport à la réalité/véracité sur les œuvres littéraires et iconographiques ? Comment « former des amateurs de lecture », c’est-à-dire comment développer « L’ensemble des pratiques qui, dès la maternelle et tout au long de la scolarité obligatoire, concourent à créer une communauté d’élèves disposés à valoriser positivement les écrits littéraires, à consacrer à leur lecture une partie de leurs loisirs, à les apprécier en tant qu’œuvres d’art et à prendre part à des échanges sur ce qui fonde cette appréciation » (Dumortier, 2010, p. 22) ?
Si on se place du côté des jeunes enseignants, il faut s’interroger sur leurs besoins spécifiques en terme de formation : quelles représentations ont-ils de la lecture ? Que signifie pour eux la lecture littéraire ou l’interprétation d’une œuvre d’art (cf la définition de la lecture littéraire d’A. Rouxel) :
Premièrement, c’est une lecture qui engage le lecteur dans une démarche interprétative mettant en jeu culture et activité.Deuxièmement, c’est une lecture sensible à la forme, attentive au fonctionnement du texteet à sa dimension esthétique. […] Troisièmement, c’est une lecture à régime relativement lent, faite parfois de pauses ou de relecture permettant de goûter, de savourer le texte (position que j’assume et qui estloin d’être consensuelle). […]. Quatrièmement, le rapport au texte est distancié, ce qui n’exclut pas un investissement psychoaffectif et même s’en nourrit. […] Cinquièmement enfin, caractéristique essentielle, le plaisir esthétique entre dans la définition de la lecture littéraire. »
Pour ce faire, le projet se déroulera comme suit :
1. Dans un premier temps, le groupe devra définir précisément ses objets dans une réflexion collective sur l’analyse d’une œuvre littéraire et d’une œuvre d’art :
- A) Faire s’interroger les jeunes enseignants sur leurs représentations de la littérature (questionnaire) et leurs besoins. L’analyse de ces données permettra de cibler les attentes et influencera la production de ressources visée. Comment les amener à :
- choisir une œuvre littéraire de qualité, adaptée à leurs objectifs et au niveau de leur classe
- analyser finement une œuvre d’art : intérêts littéraires, iconographiques, spécificités de l’œuvre (générique, thématique, axiologique, …)
- construire les activités les plus adéquates et pertinentes pour amener les élèves à comprendre l’œuvre choisie
- construire les différentes phases d’analyse : de la planification à l’évaluation de sa démarche par le sujet-lecteur ( cf Lépine)
- – trouver les moyens d’amener tous les élèves à entrer dans l’œuvre et à développer leur plaisir de lire
- B) Comment amener les élèves :
- à développer une approche sensible (expression des émotions, du ressenti), imaginaire (culture, images mentales) et raisonnée (connaissances)
- à comprendre et interpréter une œuvre (références aux compétences encyclopédiques, au savoir mis en jeu, aux procédures et stratégies mises en place par l’élève)
- à mener une réflexion collective sur les valeurs portées par l’œuvre (lien avec parcours citoyen)
- à dépasser les difficultés culturelles, techniques et didactiques liées au choix d’une œuvre littéraire.
2. Dans un deuxième temps, il s’agira de construire des objets à enseigner : déterminer un corpus d’œuvres à analyser en classe en veillant à varier les genres littéraires puis création d’outils, d’activités, de grilles d’évaluation.
3. Dans un troisième temps, il faudra confonter ces objets à la classe : expérimentations menées dans trois classes (PS/CP/CM2) et analyse de ces expérimentations.
4. Enfin, la synthèse de la réflexion collective prendra la forme de la création d’une « mallette » à usage des jeunes enseignants, constituée de banques de ressources cf ci-après.
Diffusion et valorisation envisagées
– Production de ressources en ligne (site ESPE/CANOPE?) : « mallette » littérature/arts : listes bibliographiques d’ouvrages de jeunesse par niveaux ; méthode pour analyser une œuvre littéraire (intérêts littéraires spécifiques à chaque œuvre et activités pédagogiques qui découlent de cette spécificité) ; présentation d’activités pour comprendre une œuvre d’art/différents genres littéraires et formes textuelles ; réflexion et proposition d’outils de différenciation et d’évaluation de la lecture littéraire ; liste des ressources disponibles en ligne ; mise en place d’un blog pour créer un lieu de discussion et de diffusion de l’information
– Organisation d’une journée de formation à destination des Maitres-formateurs : analyser une œuvre littéraire en classe, développer différentes approches (cf. les six chapeaux d’E. de Bono) face à l’œuvre littéraire
Principales références bibliographiques ou ressources en lien avec le projet
Deaudelin C., Dussault M., Brodeur M., » Impact d’une stratégie d’intégration des TIC sur le sentiment d’autoefficacité d’enseignants du primaire et leur processus d’adoption d’une innovation », Revue des sciences de l’éducation, 2002. |
Dufays J.-L., Gemenne L. et Ledur D. : Pour une lecture littéraire 1. Approches historique et théorique, propositions pour la classe de français. Bruxelles, De Bœck, 1996. |
Dufays J.-L., -« Sujet lecteur et lecture littéraire : quelles modélisations pour quels enjeux ? », Recherche et travaux, 2013 – « Quel enseignement de la lecture et de la littérature à l’heure des « compétences » ? », Pratiques linguistique, littéraire, didactique, 2011. Cèbe S., Goigoux R. Apprendre à lire à l’école, Retz, 2006. |
Chabanne J-C, Dufays J.-L., Parler et écrire sur les œuvres : une approche interdidactique des enseignements artistiques et culturels, Repères, 2011. |
Dehaene S., Apprendre à lire, des sciences cognitives à la salle de classe, O. Jacob, 2011. |
Demers D., Au bonheur de lire, Québec Amérique, 2009. |
Dumortier J.-L. : « La lecture littéraire : le pour et le contre », in Éducation Formation. 2001. |
Lemonchois, Approche sensible, imaginaire et raisonnée du langage plastique, 2017 |
Lépine, M., -Faire lire et apprécier des œuvres littéraires à l’école : portrait des meilleures pratiques de centaines d’enseignants du primaire. Atelier pour le 29e congrès pédagogique de l’AQEP par les enseignants, pour les enseignants. Drummondville (1er et 2 décembre). – (2016, accepté). L’enseignement de la lecture/appréciation des œuvres littéraires à l’école primaire : enquête sur les pratiques déclarées et les conceptions d’enseignants québécois. Communication orale pour le colloque de l’AiRDF. Université du Québec à Montréal (25 au 27 aout 2016). |
Rouxel A., Langlade G., Massol J.-L., Lecture subjective et enseignement de la littérature, PUR, 2005. |
Rouxel A., -Distance, complexité, plaisir, réflexion sur une didactique de la lecture littéraire, ANRT 1998. -Enseigner la lecture littéraire, PUR, 1997. |
Schwartz S., Guide pour un enseignement durable au primaire, D’eux, 2016. |
Tauveron C., Lire la littérature à l’école. Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? De la GS au CM. Paris, Hatier, 1999. |