Penser et imaginer les villes de demain afin de les habiter et d’en devenir des citoyens engagés. Une approche interdisciplinaire de prospective territoriale.

Responsable:

Magali Hardouin

Résumé

Comment donner du sens aux apprentissages grâce à l’interdisciplinarité au travers de l’objet « ville » , celle de demain, la ville dans laquelle les élèves vivront dans 30 ans à 40 ans  ?

Problématique

Depuis le milieu des années 2000, plus de la moitié de la population mondiale habite dans des villes et, vraisemblablement, les 2/3 en 2050. Déjà, 82% de la population de l’Amérique du Nord vit dans une ville et la population urbaine devrait augmenter de 2,5 milliards de personnes d’ici 2050, selon l’ONU. C’est pourquoi il est nécessaire de conduire avec les élèves, futurs habitants et citoyens, une réflexion sur la possibilité d’un développement urbain durable. Comment imaginer, bâtir et gérer la ville de demain, durable et solidaire ? Quels aménagements originaux et innovants peut-on construire pour atténuer voire effacer les déséquilibres socio-spatiaux-environnementaux observés au sein des différents espaces de la ville ?

Cette problématique citoyenne est interdisciplinaire, En effet, pour identifier les acteurs des villes et leurs caractéristiques (verticalité, centralité, propension à l’étalement, modes de vie spécifiques ; phénomènes de ségrégation), pour différencier les espaces d’activités et les lieux de sociabilité traversés, parcourus ou investis par les habitants, pour comprendre les conditions de vie des habitants et interroger leurs mobilités ainsi que la capacité de chacun à profiter des aménités, les élèves peuvent croiser différents outils utilisés dans de multiples disciplines : des plans de ville, des cartes, des sons, des photographies, des paysages urbains qui mettent en scène des habitants, la bande dessinée, la littérature, le cinéma ou bien encore des séries, etc.

La ville « de demain » est un thème qui est intimement lié à l’introduction de la prospective territoriale, une activité qui consiste à imaginer plusieurs possibilités d’évolution, plusieurs scénarii pour un même espace et à discuter autour de ces choix. Travailler l’approche prospective avec les élèves leur permet de penser différemment leurs territoires, et donc les villes, afin de les habiter dans un futur à moyen terme, et d’y devenir des citoyens engagés.

La prospective fait croiser les regards : c’est une approche interdisciplinaire. L’introduction d’une dimension prospective est l’occasion de mettre en place un usage pertinent et raisonné des outils numériques : en cela, le projet est étroitement lié au volet CERAD du programme E-FRAN IDEE porté par le CREAD et le module de formation initiale « Autonomie, Différenciation, Réduction des Inégalités entre Elèves et Numérique Educatif : ADRIENE ».

L’insertion de la prospective territoriale dans les programmes scolaires permet à tous les élèves, quel que soit leur niveau, de s’approprier cette démarche, très riche et pleine d’inventivité. Les élèves peuvent mener des « enquêtes » territoriales auprès des différents opérateurs participant à la fabrique de la ville, mettre en débat les enjeux de ses transformations possibles, exprimer leurs points de vue, etc. Les élèves les plus en difficulté peuvent apprécier cette activité originale car il n’existe pas de bonne ou de mauvaise réponse : en cela, la prospective faciliterait la mise en place de situations d’apprentissage « intégratrices » et permettrait aux enseignants de mieux gérer l’hétérogénéité de leurs classes.

Ce groupe de recherche et de production de ressources pour l’éducation de l’ESPE de Bretagne a pour ambition de favoriser le travail pluri et interdisciplinaire (Hardouin et al,, 2018). Ce point est confirmé par la variété des disciplines des enseignants engagés dans le dispositif pédagogique : histoire, géographie, français, anglais, arts musicaux, sciences physiques.

L’action réinterroge les contenus des programmes des différentes disciplines concernées, de manière à ancrer les pratiques de classe dans une pédagogie active et les centrer sur un objectif citoyen. Les finalités intellectuelles, culturelles et civiques des différentes disciplines sont mobilisées pour donner à tous les élèves la possibilité de comprendre la complexité du Monde et leur donner les moyens d’agir en citoyens éclairés.

Problématique, hypothèses, aspects méthodologiques et/ou procédures de traitement envisagées :

Des analyses exploratoires (Hardouin, 2018) montrent que, aussi dans les textes officiels, les accompagnements du programmes ou bien les manuels, l’enseignement par le projet et la démarche prospective n’encourage guère les élèves à construire des savoirs géographiques, à s’approprier ses territoires de vie et à construire des compétences spatiales. La réflexion qui leur est demandée s’arrête à la phase d’élaboration de solutions ou de projets, de manière individuelle ou en groupe, alors qu’il aurait été essentiel de bien intégrer une phase de comparaison des différentes solutions ou des différents scénarii pour montrer aux élèves qu’il existe plusieurs possibilités de « ville du futur » avec, pour chacune, des atouts et des inconvénients. Par ailleurs, l’enseignement de la ville « du futur », une ville utopique du siècle prochain, prend malheureusement le pas sur la ville de demain (Hardouin, 2018).

À ce jour, l’introduction de la prospective au travers de la ville de demain par un enseignement de projet et par le projet vise certainement des finalités scientifiques et méthodologiques mais guère les finalités civiques et citoyennes. C’est pourquoi le projet portera une attention particulière à ce point dans la conception des dispositifs pédagogiques.

Le projet a pour objectif de faire un état de l’art sur la littérature scientifique relative au projet : ville du demain, prospective territoriale, etc. Il prévoit également une analyse des manuels et des pratiques dans les classes sur ce thème, en particulier dans celles de géographie de 6^e., Il a aussi pour finalité la construction de programmations, séances, séquences et la co-conception de dispositifs pédagogiques sur « la ville de demain » mobilisant une démarche interdisciplinaire et prospective, développant ainsi une pédagogie active, en utilisant les outils numériques de manière appropriée et raisonnée pour favoriser l’autonomie des élèves. Ces productions pourront être testées par les étudiants et les stagiaires du master MEEF ce qui permettra d’en mesurer les atouts et les faiblesses afin de les améliorer.

1« À quoi ressemblait la ville du futur en 1925 ? », blog,lemonde.fr, le 14 mars 2012 ?

Principales références bibliographiques ou ressources en lien avec le projet

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Composition prévisionnelle